Tendances européennes
Aperçu de l'Observateur des droits sociaux
La pĂ©riode 2022-2023 a Ă©tĂ© particuliĂšrement compliquĂ©e pour lâEurope. Les consĂ©quences de lâinvasion Ă grande Ă©chelle de lâUkraine par la Russie, associĂ©es aux rĂ©percussions de la pandĂ©mie de Covid-19 et de la dĂ©cennie dâaustĂ©ritĂ© qui a suivi la crise financiĂšre de 2008, ont produit une sĂ©rie de dĂ©fis interdĂ©pendants pour le continent. Presque tous les groupes de stratĂ©gie nationale (NSG) qui ont fourni des informations au Social Rights Monitor ont mentionnĂ© de nouveaux problĂšmes tels que la prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique, la crise du coĂ»t de la vie provoquĂ©e par une inflation Ă©levĂ©e et la nĂ©cessitĂ© d'accueillir et d'intĂ©grer les personnes fuyant la situation. la guerre en Ukraine. Les GFN ont Ă©galement fait part de leurs inquiĂ©tudes concernant des problĂšmes de longue date, en particulier ceux qui se sont intensifiĂ©s au cours de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e, notamment le manque de logements abordables, la difficultĂ© croissante pour les EuropĂ©ens de concilier travail et vie personnelle et les systĂšmes de santĂ© surchargĂ©s. Certains GFN ont Ă©galement signalĂ© une sĂ©curisation accrue de lâimmigration, qui a conduit Ă des restrictions des droits fondamentaux des personnes en mouvement ainsi quâĂ la criminalisation et au harcĂšlement des organisations de la sociĂ©tĂ© civile qui travaillent sur la migration. Les GFN ont signalĂ© peu ou pas de progrĂšs dans la lutte contre la discrimination Ă l'Ă©gard des Roms et ont notĂ© que ces communautĂ©s se heurtent toujours Ă d'importants obstacles pour accĂ©der Ă l'Ă©ducation, Ă la santĂ© et Ă l'emploi. Les GFN ont prĂ©sentĂ© des rĂ©sultats mitigĂ©s sur la transition juste et la santĂ© de lâespace civique dans leurs pays. Alors que certains Ătats, comme lâEspagne, ont pris trĂšs au sĂ©rieux le concept de transition juste, dâautres ont Ă peine agi. De mĂȘme, mĂȘme si certains pays ont connu des Ă©volutions positives vers un soutien officiel Ă une sociĂ©tĂ© civile dynamique, les autoritĂ©s dâautres ont activement tentĂ© dâĂ©touffer lâespace civique.
ĂgalitĂ© des chances et accĂšs au marchĂ© du travail
Inclusion des réfugiés d'Ukraine
Ă la suite de l'invasion Ă grande Ă©chelle de l'Ukraine par la Russie en fĂ©vrier 2022, l'UE a activĂ© la directive sur la protection temporaire afin de fournir une protection immĂ©diate et collective aux personnes fuyant la guerre. En juin 2023, 6,3 millions de rĂ©fugiĂ©s ukrainiens Ă©taient recensĂ©s dans le monde,[1] Dont 4 millions bĂ©nĂ©ficient dâune protection temporaire de lâUE.[2] Les personnes bĂ©nĂ©ficiant dâune protection temporaire bĂ©nĂ©ficient du droit de rĂ©sidence, de lâaccĂšs Ă lâemploi, Ă la protection sociale, Ă lâĂ©ducation et aux soins mĂ©dicaux, ainsi que de voyager sans visa au sein de lâUnion europĂ©enne pendant la durĂ©e de la protection.[3] Le 19 septembre 2023, la Commission europĂ©enne a proposĂ© de prolonger la protection temporaire des personnes fuyant l'Ukraine jusqu'en mars 2025.[4] Les groupes de stratĂ©gie nationale (NSG) ont signalĂ© que les Ătats membres et les sociĂ©tĂ©s Ă©taient dans lâensemble extrĂȘmement accueillants Ă lâĂ©gard des rĂ©fugiĂ©s ukrainiens, les autoritĂ©s leur fournissant un logement, des opportunitĂ©s dâemploi et un accĂšs Ă lâĂ©ducation, tandis que la sociĂ©tĂ© civile se mobilisait dans toute lâEurope pour accueillir les rĂ©fugiĂ©s. Par exemple, le NSG bulgare a signalĂ© que de nombreux rĂ©fugiĂ©s ukrainiens ont Ă©tĂ© rapidement intĂ©grĂ©s sur le marchĂ© du travail grĂące aux droits accordĂ©s par la protection temporaire et Ă la volontĂ© des entreprises bulgares de les employer. Toutefois, la directive sur la protection temporaire ne couvre que les citoyens ukrainiens, leurs familles et les personnes ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune protection internationale en Ukraine avant lâinvasion. Les Ătats membres Ă©taient libres dâĂ©tendre la protection Ă des groupes tels que les rĂ©sidents non-citoyens ukrainiens de longue durĂ©e. Toutefois, seule une poignĂ©e dâĂtats lâont fait.[5]
Inclusion des réfugiés et migrants non ukrainiens
De nombreux GFN ont vivement critiquĂ© le fait que les mesures dâinclusion et de protection gĂ©nĂ©reuses et de grande envergure accordĂ©es aux Ukrainiens nâĂ©taient pas Ă©tendues aux migrants et aux demandeurs dâasile dâautres pays. Les demandes dâasile ont augmentĂ© de plus de 50% en 2022 par rapport Ă 2021, rĂ©sultat de la nouvelle levĂ©e des restrictions de voyage liĂ©es Ă la pandĂ©mie et de la prise de contrĂŽle de lâAfghanistan par les talibans. Le Conseil europĂ©en pour les rĂ©fugiĂ©s et les exilĂ©s (ECRE) a constatĂ© que les pratiques illĂ©gales aux frontiĂšres et les refus de fournir une assistance adĂ©quate aux demandeurs dâasile Ă©taient rĂ©pandus et en augmentation dans presque tous les Ătats europĂ©ens. En outre, des problĂšmes dans les procĂ©dures d'appel et de rĂ©vision des procĂ©dures de demande d'asile ont Ă©galement Ă©tĂ© notĂ©s par l'ECRE. De mĂȘme, de graves lacunes dans la protection des mineurs non accompagnĂ©s ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es.[6] Plusieurs GFN ont signalĂ© des problĂšmes avec les procĂ©dures d'asile dans leur pays, notamment en ce qui concerne le soutien linguistique inadĂ©quat et les obstacles Ă l'emploi auxquels sont confrontĂ©s les demandeurs d'asile.
Les GFN ont Ă©galement notĂ© que les taux dâimmigration augmentent dans des pays qui ne sont pas traditionnellement des pays de destination, comme la Croatie. Cependant, ces augmentations de lâimmigration nâont pas Ă©tĂ© accompagnĂ©es de mesures dâinclusion adĂ©quates, telles que des cours de langue. Parmi les quelques exemples positifs figurent les cours d'allemand dispensĂ©s Ă 500 000 personnes en Allemagne en 2022 et le plan d'action de la ville de Zagreb pour l'intĂ©gration des nouveaux arrivants. Enfin, les GFN ont identifiĂ© une tendance de la part des Ătats membres Ă accroĂźtre la sĂ©curisation des questions liĂ©es Ă la migration.
ĂgalitĂ© des sexes
L'indice d'Ă©galitĂ© entre les femmes et les hommes de l'Institut europĂ©en pour l'Ă©galitĂ© entre les hommes et les femmes (EIGE) pour 2022 s'Ă©lĂšve Ă 68,6 points sur 100 pour l'Union europĂ©enne, soit une augmentation de seulement 0,6 point par rapport Ă 2021. L'EIGE a soulignĂ© les effets trĂšs dommageables du Covid-19. pandĂ©mie sur l'Ă©galitĂ© des sexes, notamment une baisse d'annĂ©e en annĂ©e de la participation des femmes Ă l'Ă©ducation et au marchĂ© du travail ainsi que de leur accĂšs aux soins de santĂ©. La seule augmentation globale significative concerne le domaine du pouvoir, qui prĂ©sente le score absolu le plus bas de tous les domaines mesurĂ©s. Il sâagit dâune hausse de 2,2 points par rapport Ă 2021, principalement due Ă une plus grande Ă©galitĂ© entre les sexes dans la prise de dĂ©cision Ă©conomique. Les Ă©carts entre les scores des Ătats membres restent considĂ©rables. Il existe un Ă©cart de 30,5 points entre lâĂtat le plus performant (la SuĂšde avec 83,9 points) et le pire (la GrĂšce avec 53,4). Bien que la plupart des pays aient progressĂ© dans leurs scores en matiĂšre dâĂ©galitĂ© des sexes entre 2021 et 2022, les scores de quatre pays (France, Estonie, Lettonie et Roumanie) ont chutĂ©. Les contrecoups de la pandĂ©mie se font encore sentir. Ils comprennent une augmentation des soins et des travaux mĂ©nagers non rĂ©munĂ©rĂ©s, des licenciements dans des secteurs Ă fort taux d'emploi fĂ©minin (comme l'hĂŽtellerie) et une plus grande incidence de femmes dans des formes d'emploi atypiques et prĂ©caires. Cela est particuliĂšrement vrai pour les groupes Ă risque, tels que les jeunes femmes, les femmes migrantes, les femmes handicapĂ©es et les femmes ayant un faible niveau d'Ă©ducation. Moins susceptibles dâavoir un emploi stable, ces femmes ont souvent Ă©tĂ© exclues des rĂ©gimes dâaide au revenu liĂ©s Ă la pandĂ©mie, ce qui a contribuĂ© Ă une stagnation des progrĂšs dans la rĂ©duction de la pauvretĂ© liĂ©e au genre. La pandĂ©mie a Ă©galement contribuĂ© Ă une augmentation des violences basĂ©es sur le genre, en particulier contre les partenaires sexuels et intimes, mĂȘme si les donnĂ©es disponibles sous-estiment et sous-estiment probablement lâampleur rĂ©elle de la violence basĂ©e sur le genre dans lâUnion europĂ©enne.[7] Les GFN ont fait Ă©tat de divergences considĂ©rables entre les attitudes des gouvernements Ă l'Ă©gard de l'Ă©galitĂ© des sexes. Les gouvernements de certains pays, comme lâAlbanie et la MacĂ©doine du Nord, ont travaillĂ© de bonne foi pour intĂ©grer lâĂ©galitĂ© des sexes dans leurs actions, mĂȘme sâils ont rencontrĂ© des problĂšmes de mise en Ćuvre. Dâautres, comme la Bulgarie et la Croatie, ont gĂ©nĂ©ralement ignorĂ© les questions de genre, adoptant des stratĂ©gies largement insignifiantes et inefficaces en matiĂšre dâĂ©galitĂ© des sexes.
Inclusion de la communauté rom
De nombreux GFN ont signalĂ© peu ou pas de progrĂšs dans lâamĂ©lioration des conditions des Roms en Europe. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les GFN ont notĂ© que les questions relatives aux Roms sont ignorĂ©es, que les donnĂ©es relatives Ă leurs conditions ne sont pas collectĂ©es ou publiĂ©es, et que les OSC travaillant pour les droits des Roms sont mises de cĂŽtĂ© et ignorĂ©es. Les donnĂ©es collectĂ©es par l'Agence des droits fondamentaux de l'UE (FRA) en 2021 ont rĂ©vĂ©lĂ© des Ă©volutions positives dans la lutte contre le harcĂšlement et la violence motivĂ©s par la haine Ă l'encontre des Roms. Mais peu d'amĂ©liorations rĂ©elles ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans l'accĂšs des Roms Ă l'Ă©ducation, Ă l'emploi et aux services de base, et peu de progrĂšs ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dans la lutte contre la discrimination. MĂȘme si la proportion de Roms vivant dans un dĂ©nuement matĂ©riel grave est passĂ©e de 621 TP3T en 2016 Ă 481 TP3T en 2021, 801 TP3T de mĂ©nages roms et 831 TP3T dâenfants roms vivent toujours dans la pauvretĂ©. LâaccĂšs Ă lâĂ©ducation ne sâest pas amĂ©liorĂ© depuis 2016 : plus de la moitiĂ© de tous les enfants roms scolarisĂ©s dans lâenseignement obligatoire Ă©tudient dans des Ă©coles sĂ©grĂ©guĂ©es.[8] Le RĂ©seau europĂ©en des organisations de base des Roms (ERGO) a Ă©galement notĂ© que les Roms ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă des boucs Ă©missaires, Ă des discours de haine et Ă des persĂ©cutions Ă caractĂšre raciste en relation avec la pandĂ©mie de Covid-19.[9] Parmi les pays analysĂ©s par le Social Rights Monitor 2023, seuls les gouvernements de lâAlbanie et de la MacĂ©doine du Nord ont pris au sĂ©rieux la lutte contre les prĂ©jugĂ©s anti-Roms.
[1] HCR (2023), Urgence en Ukraine : https://www.unhcr.org/emergencies/ukraine-emergency
[2] Conseil de l'Union européenne (2023), Infographie - Réfugiés d'Ukraine dans l'UE : https://www.consilium.europa.eu/en/infographics/ukraine-refugees-eu/
[3] Commission européenne (2022), Protection temporaire : https://home-affairs.ec.europa.eu/policies/migration-and-asylum/common-european-asylum-system/temporary-protection_en
[4] Commission europĂ©enne (2023), SolidaritĂ© de lâUE avec lâUkraine : la Commission propose de prolonger jusquâen mars 2025 la protection temporaire des personnes fuyant lâagression russe contre lâUkraine : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_23_4496
[5] ASILE (2022), Raisons de lâactivation de la directive sur la protection temporaire en 2022 : une histoire de double standard : https://www.asileproject.eu/reasons-for-the-activation-of-the-temporary-protection-directive-in-2022-a-tale-of-double-standards/
[6] Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (2023), Asile en Europe : la situation des demandeurs de protection internationale en 2022 : https://ecre.org/wp-content/uploads/2023/07/Asylum-in-2022.pdf
[7] Institut europĂ©en pour lâĂ©galitĂ© des genres (2023), Indice dâĂ©galitĂ© des genres 2022 : https://eige.europa.eu/publications-resources/publications/gender-equality-index-2022-covid-19-pandemic-and-care
[8] Agence europĂ©enne des droits fondamentaux (2022), EnquĂȘte sur les Roms 2021 : https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/fra-2022-roma-survey-2021-main-results2_en.pdf
[9] Réseau européen des organisations de base roms (2021), ERGO Newtork Snapshot of Equal Opportunities : https://ergonetwork.org/wp-content/uploads/2021/11/3-Equal-Opportunities-1.pdf
Conditions de travail Ă©quitables
Salaires réels
En raison de la hausse rapide de l'inflation provoquĂ©e par l'invasion Ă grande Ă©chelle de l'Ukraine par la Russie, les salaires rĂ©els ont chutĂ© de 4% en 2022 dans l'UE, entraĂźnant une baisse sans prĂ©cĂ©dent du pouvoir d'achat des travailleurs. La forte inflation a Ă©tĂ© presque entiĂšrement supportĂ©e par les mĂ©nages, les entreprises ayant rĂ©percutĂ© la hausse des prix sur les consommateurs tout en rĂ©alisant des bĂ©nĂ©fices records, ce qui a conduit Ă un renforcement de lâinflation axĂ©e sur les profits. Les salaires rĂ©els ont baissĂ© particuliĂšrement rapidement dans les pays baltes (-7,8%), en TchĂ©quie (-8,1%), en GrĂšce (-8,2%) et aux Pays-Bas (-7%). Les donnĂ©es prĂ©liminaires de 2023 suggĂšrent que les salaires rĂ©els dans lâUE ont, au mieux, stagnĂ©, avec une croissance des salaires rĂ©els estimĂ©e Ă 0,71 TP3T. Lâinflation a particuliĂšrement touchĂ© les mĂ©nages Ă faible revenu, car les prix des produits alimentaires, de lâĂ©nergie et dâautres produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© ont fortement augmentĂ©. Bien que les salaires minimum lĂ©gaux aient Ă©tĂ© considĂ©rablement augmentĂ©s dans toute lâEurope en rĂ©ponse Ă la hausse de lâinflation, lâaugmentation nominale moyenne dans lâUE Ă©tant de 121 TP3T en 2023, cela ne sâest traduit que par une croissance rĂ©elle de 0,61 TP3T.[1] Cette tendance confirme la nĂ©cessitĂ© d'une Ă©valuation de l'adĂ©quation des salaires minimum dans l'UE et de leur ajustement sur une base rĂ©guliĂšre, comme le propose la directive sur un salaire minimum adĂ©quat adoptĂ©e en octobre 2022. Plusieurs NSG, y compris ceux d'Ătats tiers, ont soulevĂ© la question. la question de la stagnation ou de la baisse des salaires rĂ©els, liĂ©e Ă©galement Ă une augmentation significative de la pauvretĂ© Ă travers le continent. Des problĂšmes tels que le sous-emploi et lâemploi prĂ©caire, en particulier parmi les groupes Ă risque tels que les jeunes et les personnes ayant un faible niveau dâĂ©ducation, ont Ă©galement Ă©tĂ© notĂ©s par les NSG comme causes contribuant aux revenus insuffisants pour vivre dignement. Les GFN ont Ă©galement soulignĂ© le non-respect par les employeurs de la lĂ©gislation sur le salaire minimum, notamment en Serbie.
Temps de travail et équilibre entre vie professionnelle et vie privée
PrĂšs dâun tiers (31%) des travailleurs europĂ©ens occupaient des emplois « tendus » en 2022, ce qui signifie que les aspects nĂ©gatifs de leurs conditions de travail lâemportaient sur les aspects positifs. Selon une Ă©tude menĂ©e par Eurofound, 45% des travailleurs souhaiteraient travailler moins d'heures, dont 40% de ceux qui travaillent selon une semaine standard de 35 Ă 40 heures. En revanche, prĂšs de la moitiĂ© des travailleurs Ă temps partiel sous-employĂ©s (travaillant 20 heures ou moins par semaine) souhaitent travailler plus dâheures. Un tiers des travailleurs travaillent plus d'heures que ce qui est indiquĂ© dans leur contrat, 16% dĂ©clarent travailler pendant leur temps libre chaque semaine pour rĂ©pondre aux exigences du travail, et 14% sont rĂ©guliĂšrement appelĂ©s au travail dans de brefs dĂ©lais. Lâaspect sexospĂ©cifique du surmenage est frappant une fois pris en compte le travail non rĂ©munĂ©rĂ© : en moyenne, les femmes travaillent sept heures de plus par semaine que les hommes, ce qui reprĂ©sente huit semaines de travail de plus chaque annĂ©e.[2] Les GFN ont signalĂ© des problĂšmes importants concernant les questions liĂ©es au surmenage, notamment la difficultĂ© de concilier vie professionnelle et vie personnelle, le non-paiement des heures supplĂ©mentaires et le non-respect de la lĂ©gislation sur le temps de travail. La question de lâaspect genrĂ© du surmenage et de la rĂ©partition des tĂąches mĂ©nagĂšres et de soins Ă©tait prĂ©sente dans presque tous les Ătats analysĂ©s. Enfin, bien que plusieurs GFN aient Ă©voquĂ© lâidĂ©e dâune semaine de travail de quatre jours pour rĂ©soudre les problĂšmes de la dĂ©tĂ©rioration de lâĂ©quilibre entre vie professionnelle et vie privĂ©e et du chĂŽmage, les gouvernements font trĂšs peu de choses pour promouvoir cette politique, Ă lâexception dâun petit essai en Espagne.
Les Ătats membres de lâUE ont transposĂ© Ă la fois la directive sur lâĂ©quilibre entre vie professionnelle et vie privĂ©e et la directive sur les conditions de travail transparentes et prĂ©visibles. La premiĂšre directive a Ă©tĂ© significative dans des pays comme la Bulgarie et la Croatie dans la mesure oĂč elle a introduit pour la premiĂšre fois des mesures telles que le congĂ© de paternitĂ© et le congĂ© pour soignants. Un autre aspect positif important a Ă©tĂ© l'introduction du droit des parents et des personnes qui s'occupent d'enfants de moins de huit ans de demander des modalitĂ©s de travail flexibles.[3] La deuxiĂšme directive met Ă jour la directive sur la dĂ©claration Ă©crite de 1991, en Ă©tendant Ă toutes les formes de travail l'obligation pour les employeurs d'informer de maniĂšre adĂ©quate les salariĂ©s sur leurs conditions de travail. Lâobligation a ainsi Ă©tĂ© Ă©tendue aux relations de travail atypiques qui nâexistaient pas il y a 30 ans. En outre, la nouvelle directive introduit des sanctions en cas de non-respect, qui n'existaient pas dans la directive de 1991.[4]
[1] Institut de recherche Ă©conomique et sociale (2023), WSI European Collective Bargaining Report 2022/2023Â : https://www.wsi.de/fpdf/HBS-008657/p_wsi_report_86e_2023.pdf
[2] Eurofound (2023), Vivre et travailler en Europe 2022Â : https://www.eurofound.europa.eu/en/publications/2023/living-and-working-europe-2022
[3] Commission europĂ©enne (2023), Ăquilibre travail-vie personnelle : https://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=1311&langId=en
[4] Commission européenne (2023), Conditions de travail transparentes et prévisibles : https://ec.europa.eu/social/main.jsp?langId=en&catId=1313
Inclusion et protection sociales
Pauvreté et crise du coût de la vie
Il y a eu une explosion de la pauvretĂ© dans toute l'Europe en 2022 et 2023, en grande partie due Ă une inflation extrĂȘmement Ă©levĂ©e provoquĂ©e par l'invasion Ă grande Ă©chelle de l'Ukraine par la Russie et la crise Ă©nergĂ©tique qui a suivi. Ătant donnĂ© que les prix des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© tels que lâalimentation et lâĂ©nergie ont augmentĂ© de maniĂšre particuliĂšrement significative, une inflation Ă©levĂ©e a touchĂ© massivement les personnes situĂ©es Ă lâextrĂ©mitĂ© infĂ©rieure de lâĂ©chelle des revenus. Le RĂ©seau europĂ©en de lutte contre la pauvretĂ© (EAPN) a soulignĂ© l'insuffisance des mesures de protection sociale nouvelles et existantes face Ă la hausse de l'inflation et Ă la crise du coĂ»t de la vie. En Europe, les programmes de revenu minimum garanti ne couvraient souvent mĂȘme pas les dĂ©penses alimentaires de base des bĂ©nĂ©ficiaires. Par exemple, le NSG croate a notĂ© que la prestation minimale garantie pour une personne seule correspond Ă un tiers du seuil de risque de pauvretĂ© (132,72 ⏠par mois contre 405 ⏠par mois). En outre, prĂšs de 91 TP3T de la population de lâUE ĂągĂ©e de 18 Ă 64 ans se trouvaient en situation de pauvretĂ© au travail en 2021, ce qui met en Ă©vidence la crise des bas salaires et du sous-emploi. Les taux de pauvretĂ© sont particuliĂšrement Ă©levĂ©s parmi les personnes vivant dans les zones rurales, les jeunes, les personnes ayant des enfants, les femmes et les migrants.[1] Les NSG ont signalĂ© des situations difficiles dans tous les Ătats couverts. MĂȘme en France, l'un des Ătats les plus riches, le nombre de personnes demandant une aide alimentaire a augmentĂ© de 20% entre 2021 et 2022.[2] Toutefois, lâefficacitĂ© des mesures prises par les gouvernements variait considĂ©rablement. Les GFN de MacĂ©doine du Nord et d'Albanie ont indiquĂ© que les gouvernements de ces pays se sont engagĂ©s Ă Ă©tendre la protection sociale pour rattraper la moyenne europĂ©enne. Cela a conduit, par exemple, Ă une augmentation de 45% du nombre de bĂ©nĂ©ficiaires de l'assistance minimale garantie en MacĂ©doine du Nord. De mĂȘme, le GFN espagnol a notĂ© que les mesures de « bouclier social » introduites pendant la pandĂ©mie de Covid-19 ont contribuĂ© Ă la rĂ©duction du taux de risque de pauvretĂ© en Espagne en 2022. En revanche, les GFN de Serbie, de Croatie et de France ont critiquĂ© leurs gouvernements respectifs pour l'inefficacitĂ© de leurs rĂ©ponses Ă la pauvretĂ© croissante.
Logement
Les loyers moyens ont augmentĂ© de 19% au cours de la derniĂšre dĂ©cennie et les prix de lâimmobilier de 47% â et la croissance des prix de lâimmobilier a systĂ©matiquement dĂ©passĂ© la hausse des revenus. Ătant donnĂ© que les coĂ»ts du logement reprĂ©sentent la part la plus Ă©levĂ©e du budget des mĂ©nages pour la grande majoritĂ© des EuropĂ©ens (une moyenne de 32,71 TP3T), les fortes augmentations des coĂ»ts du logement ont Ă©galement contribuĂ© Ă une augmentation gĂ©nĂ©ralisĂ©e des difficultĂ©s financiĂšres. En outre, le nombre de sans-abri dormant dans la rue ou dans un hĂ©bergement d'urgence chaque nuit dans l'UE est estimĂ© Ă 700 000, soit une augmentation de 70% depuis 2009. L'investissement dans le logement public et social a diminuĂ© de moitiĂ© depuis 2001, les politiques de logement social Ă©tant de plus en plus axĂ©es sur l'octroi d'allocations de logement. plutĂŽt que de construire des logements sociaux. L'investissement privĂ© et la construction ont Ă©tĂ© limitĂ©s par les perturbations de la chaĂźne d'approvisionnement dues Ă la pandĂ©mie de Covid-19 et Ă l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ainsi que par la hausse des taux d'intĂ©rĂȘt et de l'inflation.[3] Presque tous les GFN ont signalĂ© des situations de logement trĂšs problĂ©matiques dans leur pays. Plus inquiĂ©tant encore, le parc de logements sociaux allemand a diminuĂ© de moitiĂ© depuis 2006 et il manque 1,9 million d'appartements abordables dans les plus grandes villes. Environ 8,5 millions de personnes, soit 13% de locataires allemands, sont confrontĂ©es Ă des coĂ»ts de logement si Ă©levĂ©s que leur revenu net des frais de logement est infĂ©rieur au niveau de subsistance.[4] Le NSG albanais a signalĂ© des augmentations annuelles des loyers supĂ©rieures Ă 10% dans toutes les rĂ©gions du pays.[5] Bien que le NSG espagnol ait exprimĂ© ses inquiĂ©tudes quant Ă la hausse des coĂ»ts du logement dans le pays, il a Ă©galement saluĂ© la loi sur le droit au logement rĂ©cemment adoptĂ©e, qui permet aux gouvernements rĂ©gionaux de contrĂŽler les loyers dans les zones de tension sur le marchĂ© du logement. Par ailleurs, le gouvernement espagnol compte construire 184 000 logements sociaux.[6]
AccÚs aux soins de santé
Les systĂšmes de santĂ© europĂ©ens ont souffert du double impact de lâaustĂ©ritĂ© et du Covid-19. Celles-ci ont eu de graves consĂ©quences sur la qualitĂ© des soins, entraĂźnant plus dâun million de dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©s dans les pays de lâUE en 2019, ce qui reprĂ©sente les deux tiers des dĂ©cĂšs de moins de 75 ans. Les besoins de santĂ© non satisfaits dans lâUE sont restĂ©s aussi Ă©levĂ©s au printemps 2022 quâau printemps 2021. , ce qui suggĂšre que le fardeau qui pĂšse sur les systĂšmes de santĂ© ne sâest pas allĂ©gĂ©, malgrĂ© la fin effective de la pandĂ©mie de Covid-19. Les raisons les plus frĂ©quemment invoquĂ©es pour expliquer les besoins de santĂ© non satisfaits sont le coĂ»t des procĂ©dures, en particulier dans les Ătats oĂč les dĂ©penses de santĂ© directes sont Ă©levĂ©es, et les dĂ©lais d'attente, qui ont augmentĂ© dans presque toute l'Europe. Plus inquiĂ©tant encore, prĂšs de 7% des mĂ©nages de lâUE et un peu plus de 10% des mĂ©nages des Balkans occidentaux ont connu des dĂ©penses de santĂ© catastrophiques (dĂ©finies comme la nĂ©cessitĂ© de payer 40% de revenu du mĂ©nage net de subsistance pour payer les soins de santĂ©).[7] Le personnel de santĂ© est Ă©galement dĂ©bordĂ©, surmenĂ© et sous-payĂ© partout en Europe. PrĂšs de la moitiĂ© des Ătats europĂ©ens sont confrontĂ©s Ă de graves pĂ©nuries de mĂ©decins et dâinfirmiĂšres, et lâUE dans son ensemble a perdu plus de 420 000 personnels de soins en Ă©tablissement entre 2019 et 2020.[8] Les GFN albanais, bulgare et grec ont exprimĂ© leurs inquiĂ©tudes quant Ă lâaccĂšs aux soins de santĂ©, soulignant lâexistence de « dĂ©serts mĂ©dicaux » en Albanie, les paiements directs extrĂȘmement Ă©levĂ©s en Bulgarie et la fragmentation totale de lâoffre de soins de santĂ© primaires en GrĂšce.
[1] Réseau européen de lutte contre la pauvreté (2023), EU 2022 Poverty Watch : https://www.eapn.eu/wp-content/uploads/2023/06/eapn-EAPN-Report_EU-2022-Poverty-Watch_Unequal-Times-of-Crisis-5677.pdf
[2] Ipsos (2022), BaromÚtre de la pauvreté Ipsos/ Secours Populaire : https://www.ipsos.com/fr-fr/barometre-de-la-pauvrete-ipsos-secours-populaire-57-des-francais-disent-avoir-deja-vecu-une
[3] Housing Europe (2023), LâĂ©tat du logement en Europe en 2023 : http://www.stateofhousing.eu/The_State_of_Housing_in_Europe_2023.pdf
[4] Stern (2023), Ătude : Il manque 700 000 appartements en Allemagne : https://www.stern.de/news/studie--in-deutschland-fehlen-700-000-wohnungen-33093314.html
[5] ALTAX (2022), Le marché de la location d'appartements à Tirana et l'augmentation des prix ces derniÚres années : https://altax.al/en/the-apartment-rental-market-in-tirana-and-the-price-increase-in-recent-years/
[6] Bulletin officiel de l'Ătat (2023), Loi sur le droit au logement : https://www.boe.es/buscar/act.php?id=BOE-A-2023-12203
[7] OCDE (2022), Regards sur la santé : Europe 2022 : https://read.oecd-ilibrary.org/social-issues-migration-health/health-at-a-glance-europe-2022_507433b0-en#page1
[8] Europe sociale (2022), Santé et protection sociale : pénurie de personnel critique : https://www.socialeurope.eu/health-and-social-care-staff-shortages-critical
Espace civique
Les GFN ont signalĂ© des situations diffĂ©rentes concernant lâespace civique dans leurs Ătats respectifs, avec des Ă©volutions largement concentrĂ©es dans deux domaines. PremiĂšrement, lâimplication de la sociĂ©tĂ© civile dans lâĂ©laboration des politiques publiques et la santĂ© du dialogue civique variaient considĂ©rablement dâun Ătat Ă lâautre. Ă un extrĂȘme, des pays comme la MacĂ©doine du Nord et lâEspagne ont considĂ©rablement amĂ©liorĂ© leurs structures de dialogue civique, permettant aux organisations de la sociĂ©tĂ© civile de collaborer de maniĂšre efficace et productive avec les autoritĂ©s dans lâĂ©laboration de politiques publiques. Les deux GFN indiquent que les gouvernements de leurs pays respectifs prennent le dialogue civil au sĂ©rieux et s'engagent de bonne foi avec la sociĂ©tĂ© civile. Dâun autre cĂŽtĂ©, les GFN de Croatie, de GrĂšce et de Serbie ont fait Ă©tat dâune hostilitĂ© persistante de la part des autoritĂ©s Ă lâĂ©gard de la sociĂ©tĂ© civile. Les GFN croates et serbes ont tous deux fait part de leurs inquiĂ©tudes quant au financement public accordĂ© de maniĂšre opaque Ă des OSC jusque-lĂ inconnues, souvent liĂ©es aux autoritĂ©s. Le deuxiĂšme domaine Ă©voquĂ© par de nombreux GFN concerne le statut des droits fondamentaux, en particulier les libertĂ©s dâassociation, de rĂ©union et dâexpression. Le NSG français sâest montrĂ© particuliĂšrement critique Ă lâĂ©gard des soi-disant contrats dâengagement rĂ©publicain, qui ont Ă©tĂ© utilisĂ©s par les autoritĂ©s pour contraindre les organisations de la sociĂ©tĂ© civile. De mĂȘme, le NSG grec a exprimĂ© ses inquiĂ©tudes quant Ă la criminalisation des OSC engagĂ©es dans la protection des droits des migrants, Ă la fois par une nouvelle loi rĂ©glementant l'enregistrement des OSC et par une campagne systĂ©matique de harcĂšlement juridique. Les GSN albanais, allemand et bulgare ont fait Ă©tat d'attaques et d'intimidations contre des journalistes, de la part d'acteurs officiels et privĂ©s. Enfin, les GFN albanais et serbe ont fait valoir la libertĂ© de rĂ©union pacifique. En Albanie, le NSG a signalĂ© des amĂ©liorations dans les lois sur les rĂ©unions pacifiques. En Serbie, le NSG a dĂ©noncĂ© la tentative injustifiĂ©e du gouvernement d'interdire l'EuroPride Ă Belgrade en 2022. Dans l'ensemble, compte tenu des diffĂ©rences entre tous les pays, l'Ă©tat de l'espace civique et la qualitĂ© du dialogue civil sont un sujet de prĂ©occupation pour la sociĂ©tĂ© civile en Europe. Ils doivent donc ĂȘtre surveillĂ©s, protĂ©gĂ©s et valorisĂ©s. Â
Transition juste
Presque tous les GFN ont signalĂ© une augmentation significative de la pauvretĂ© Ă©nergĂ©tique et des coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques excessifs dans leurs pays respectifs. Des problĂšmes connexes, comme l'incapacitĂ© d'un grand nombre de mĂ©nages Ă garder leur maison au chaud ou au frais, ont Ă©tĂ© intensifiĂ©s dans de nombreux Ătats par la faible efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique de nombreux bĂątiments. Les tentatives visant Ă rĂ©soudre ces problĂšmes ont Ă©tĂ© entravĂ©es par lâabsence de dĂ©finition officielle de la pauvretĂ© Ă©nergĂ©tique dans de nombreux Ătats, comme la Croatie, la Bulgarie et la Serbie. De plus, ces pays ne collectent pas de donnĂ©es sur le problĂšme et ne disposent dâaucun acteur officiel spĂ©cifique chargĂ© de lutter contre la prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique. Les pays les plus dĂ©pendants des hydrocarbures russes, Ă savoir lâAllemagne et la Bulgarie, ont Ă©tĂ© particuliĂšrement touchĂ©s par la hausse des prix de lâĂ©nergie. Les gouvernements de tous les pays ont commencĂ© Ă introduire des mesures visant Ă rĂ©duire la pauvretĂ© Ă©nergĂ©tique et la forte hausse des prix de lâĂ©nergie. Certaines politiques, comme le gel des prix de l'Ă©lectricitĂ© en Albanie et d'importantes subventions aux mĂ©nages, ont Ă©tĂ© plus efficaces que d'autres. Le NSG français a Ă©tĂ© particuliĂšrement critique Ă l'Ă©gard de la rĂ©ponse du gouvernement français, qui a consistĂ© Ă fournir des chĂšques Ă©nergie d'une valeur bien infĂ©rieure Ă la hausse annuelle des coĂ»ts de l'Ă©nergie. En outre, le gouvernement a pris en charge une partie des coĂ»ts des rĂ©novations visant Ă accroĂźtre l'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des logements, une mesure qui n'Ă©tait accessible qu'aux propriĂ©taires disposant d'un revenu disponible suffisant. Le NSG allemand a critiquĂ© le gouvernement allemand pour nâavoir accordĂ© aux Ă©tudiants quâun paiement forfaitaire de 200 euros en mars 2023 et pour avoir retardĂ© de nombreux autres paiements de soutien. Parmi les mesures les plus efficaces, citons l'introduction d'importantes subventions aux transports publics en Allemagne et en Espagne, qui ont entraĂźnĂ© une explosion des dĂ©placements en train et d'autres formes de transport durable.
Les GFN d'Espagne et de GrĂšce ont fait Ă©tat de l'utilisation de l'argent du Fonds pour une transition juste pour attĂ©nuer la fermeture des mines de charbon et des centrales Ă©lectriques au charbon dans certaines rĂ©gions. Le GFN espagnol s'est montrĂ© particuliĂšrement positif quant Ă l'implication des partenaires sociaux et de la sociĂ©tĂ© civile dans les politiques de transition juste. La Commission europĂ©enne a estimĂ© que les sources renouvelables devraient atteindre une part de 691 TP3T dans la production d'Ă©lectricitĂ© pour que l'Union puisse atteindre ses objectifs RePowerEU. Cependant, une Ă©tude de l'Agence internationale de l'Ă©nergie suggĂšre que l'UE n'atteindra pas cet objectif, d'autant plus que l'Allemagne, le plus grand consommateur d'Ă©nergie d'Europe, a en fait accru sa dĂ©pendance au charbon.[1] Les politiques et actions de l'UE visant Ă rĂ©duire ses Ă©missions ont Ă©tĂ© jugĂ©es insuffisantes par le Climate Action Tracker pour Ă©viter une augmentation de plus de 1,5 °C des tempĂ©ratures mondiales.[2] En dehors de l'UE, les GFN albanais et macĂ©doniens ont exprimĂ© leur satisfaction quant aux efforts de dĂ©carbonation de leurs pays respectifs, bien que des problĂšmes tels que l'absence d'un cadre de financement unifiĂ© et le manque persistant de compĂ©tences vertes aient Ă©galement Ă©tĂ© soulevĂ©s. Dâun autre cĂŽtĂ©, la Serbie a fait peu de progrĂšs dans lâabandon des centrales Ă©lectriques au charbon, malgrĂ© un potentiel important de dĂ©veloppement de la production dâĂ©nergie solaire et hydroĂ©lectrique.
[1] IEA (2022), Is the European Union on track to meet its REPowerEU goals?: https://www.iea.org/reports/is-the-european-union-on-track-to-meet-its-repowereu-goalsÂ
[2] Climate Action Tracker (2023), Pays - UEÂ : https://climateactiontracker.org/countries/eu/